Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/360

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MÉNÉLAOS.

Non pas elle ! Nous avons été trompés par les Dieux qui nous ont offert un spectre funeste fait d’une nuée.

LE MESSAGER.

Que dis-tu ? C’est pour une nuée que nous avons souffert d’inutiles maux ?

MÉNÉLAOS.

C’est l’œuvre de Hèra et le fruit de la querelle des trois Déesses.

LE MESSAGER.

Et celle-ci, qui est réelle, est-elle ta femme ?

MÉNÉLAOS.

C’est elle ! Crois-en mes paroles.

LE MESSAGER.

Ô fille, que la divinité est mobile et peu compréhensible ! Comme elle varie aisément et s’agite çà et là ! Celui-ci est malheureux, celui-là, qui a vécu sans souffrir, meurt plus tard misérablement, et rien n’est stable dans la fortune présente. Toi et ton mari vous avez éprouvé de grands maux, toi par des rumeurs publiques, lui par le travail de la guerre. Rien ne lui servait des peines qu’il subissait, et voici qu’une très heureuse fortune lui arrive d’elle-même ! Tu n’as donc pas déshonoré ton vieux père et les Dioskoures, et tu n’as point fait ce qu’on dit ? Maintenant, je me ressouviens de tes noces et des torches que je portais auprès de toi, traînée par un quadrige ; et toi,