Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épouse, tu quittais sur ton char l’heureuse demeure paternelle. Il est mauvais celui qui n’honore point ses maîtres, qui ne se réjouit point de leur prospérité et ne s’afflige point de leurs adversités. Pour moi, bien que je sois né esclave, cependant, puissé-je être compté parmi les esclaves généreux, et si je ne suis pas libre de nom, être libre de cœur ! Ceci vaut mieux que le double malheur d’avoir un mauvais cœur et d’obéir aux autres en esclave soumis.

MÉNÉLAOS.

Ô vieillard ! tu as souffert avec moi de nombreuses fatigues de guerre, et maintenant tu prends part à ma félicité. Va, et annonce à mes compagnons ce que tu as vu et la bonne fortune qui nous est échue, afin qu’ils restent sur le rivage dans l’attente des combats qu’il me reste à livrer, je pense, et qu’ils aient soin de Hélénè, si toutefois nous pouvons quitter cette terre, et, tous, sains et saufs, échapper aux Barbares.

LE MESSAGER.

Cela sera fait, ô Roi ! Mais je vois combien les divinateurs sont sans intelligence et pleins de mensonges. Il n’y a rien de vrai, ni dans la flamme du feu, ni dans la voix des oiseaux. C’est une ineptie de penser que les mortels sont secourus par les oiseaux. En effet, Kalkhas n’a jamais dit à l’armée, ni Hélénos, que leurs compagnons mourraient pour un spectre ; et la Ville a été détruite en vain. On dira peut-être qu’un Dieu n’avait pas voulu leur révéler ces choses ? Pourquoi donc consulter les divinateurs ? Il faut sacrifier aux Dieux et les implorer,