Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/432

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KRÉOUSA.

Celle qui a subi cette honte en souffre aussi.

IÔN.

Personne ne te répondra sur ceci. Phoibos, accusé d’un crime dans son propre temple, châtierait justement qui rendrait un oracle pour toi. Retire-toi, femme ! On ne peut demander à l’Oracle une réponse hostile au Dieu ; et nous en viendrions au comble de la démence, si nous voulions contraindre les Dieux de dire ce qu’ils veulent faire, soit en sacrifiant des brebis devant l’autel, soit en examinant le vol augural des oiseaux. Ce sont des biens inutiles que ceux que nous poursuivons malgré les Dieux, ô femme ! et nous ne profitons que de ceux qu’ils nous donnent de bon gré.

LE CHŒUR.

Il y a d’innombrables calamités sur la multitude des hommes, mais elles différent entre elles. On rencontre avec peine une félicité continuelle dans la vie des hommes.

KRÉOUSA.

Ô Phoibos ! ici et là, tu n’es pas équitable pour cette absente dont je soutiens la cause. Tu n’as point sauvé ton fils qu’il te fallait sauver, et, quoique prophète, tu ne répondras pas à sa mère qui le cherche, afin que, s’il ne vit plus, elle lui élève un tombeau, et que, s’il vit, il reparaisse aux yeux de sa mère. Mais il faut y renoncer, si le Dieu défend que je sache ce que je veux savoir. Mais, ô Étranger, je vois mon noble mari, Xouthos, qui approche, ayant quitté l’Antre de Trophonios. Tais-lui