Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/448

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LE CHŒUR.

Tu as bien parlé, si, toutefois, ceux que j’aime sont heureux de tes paroles.

XOUTHOS.

Cesse de parler ainsi, et apprends à être heureux. Je veux, en effet, t’ayant retrouvé, fils ! ordonner un festin public, et célébrer par un sacrifice ta naissance que je n’ai point célébrée autrefois. Et, maintenant, comme un hôte que je mène dans ma demeure, je te réjouirai par un festin. Je te conduirai sur la terre des Athènaiens, ainsi qu’un visiteur, et non comme mon fils. Je ne veux pas, en effet, affliger ma femme qui est stérile, quand moi, je suis heureux. Je saisirai, avec le temps, l’occasion d’amener ma femme à te permettre de posséder mon sceptre. Je te nomme Iôn, d’un nom qui convient à ta fortune, parce que tu t’es avancé le premier vers moi quand je sortais du Temple du Dieu. Mais assemble tes amis au joyeux festin du sacrifice, avant de quitter la Ville Delphienne. Je vous ordonne, servantes, de taire tout ceci, ou la mort si vous le dites à ma femme !

IÔN.

J’irai. Mais une chose me manque dans ma bonne fortune. À moins que je ne retrouve celle qui m’a enfanté, père, ma vie sera triste. Si j’ai quelque chose à attendre de mes vœux, plaise aux Dieux que la femme qui m’a enfanté soit Athènaienne, afin que j’aie, par ma mère, le droit de parler librement ! En effet, l’étranger qui entre dans une Ville pure, bien que citoyen de nom, garde une bouche servile, et n’a point la liberté de parler.