Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/476

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contre la mort ! Cela est manifeste, en effet, par cette colombe qu’a tuée la libation, mélange de la liqueur de Dionysos et des gouttes de sang de la rapide Ékhidna. C’est le malheur de ma vie, et c’est la mort de ma maîtresse précipitée d’un rocher ! Fuirai-je sur des ailes, ou me cacherai-je dans les noires entrailles de la terre, pour échapper à la mort par la lapidation ? Monterai-je sur un char rapide ou sur une nef ? Mais je ne puis me cacher, à moins qu’un Dieu ne m’arrache lui-même à la mort ! Et toi, ô malheureuse Maîtresse, à quel supplice es-tu destinée ? Les maux que nous avons voulu infliger à autrui, nous les subissons nous-mêmes, comme il est juste !




KRÉOUSA.

Servantes, condamnée par l’arrêt Pythique, on me cherche pour une mort affreuse, et je suis vouée au supplice !

LE CHŒUR.

Nous savons tes maux, ô malheureuse, et ton infortune !

KRÉOUSA.

Où fuirai-je ? C’est à peine si j’ai pu sortir des demeures pour ne pas mourir, et je suis arrivée ici furtivement, échappée aux mains de mes ennemis.

LE CHŒUR.

Où irais-tu, si ce n’est auprès de cet autel ?