Aller au contenu

Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/510

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roge Dirphys l’Abantide, où tu as été élevé, et, certes, elle ne te louera pas, car, en effet, tu ne peux appeler en témoignage de tes belles actions aucun lieu de ta patrie. Tu méprises la plus adorable des inventions, l’arc qui lance des flèches ? Écoute mes raisons, et tu seras mieux instruit. L’homme lourdement armé est esclave de ses armes, et quand ceux qui sont rangés autour de lui ne sont pas braves, il succombe à cause de la lâcheté de ses compagnons. Quand il a rompu sa lance, il ne peut repousser la mort, car il ne possède que cette seule défense. Mais celui dont la main est habile à lancer les traits de l’arc, possède le plus grand des avantages, qui est d’envoyer mille flèches aux ennemis, en se défendant de la mort ; et, même de loin, peut se venger de ses adversaires qu’il blesse et aveugle de ses traits, sans exposer son corps, car il est en sûreté. Et c’est la plus grande habileté, puisqu’il se sauvegarde, tout en infligeant des maux à ses ennemis, et qu’il n’est pas soumis au hasard. Telle est la réponse que je fais aux choses que tu as avancées. Mais pourquoi veux-tu tuer ces enfants ? Que t’ont-ils fait ? En une seule chose je t’estime prudent, lâche comme tu l’es : tu crains cette race de braves ! Cependant il est dur pour nous de mourir à cause de ta lâcheté. Il serait plus juste que tu souffrisses cela de nous qui sommes meilleurs que toi, si Zeus était équitable envers nous. Donc, si tu veux commander ici, permets-nous de nous exiler de cette terre. Ne nous fais pas violence, ou tu la subiras à ton tour, lorsque le souffle de la destinée aura changé. Hélas ! Ô terre de Kadmos ! car je m’adresse aussi à toi, est-ce là le secours que tu apportes à Hèraklès et à ses enfants ? Lui qui combattit seul sous les Myniens et fit que Thèba put regarder d’un œil libre ! Et je blâme aussi la Hellas, et je ne puis