Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/511

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me taire, lorsque je la trouve très ingrate envers mon fils ; quand elle devrait venir en aide à ses enfants, par le feu, la lance et les armes, à cause de la mer et de la terre purgées par les travaux de Hèrakiès ! Ô enfants ! ni la Ville des Thèbaiens, ni la Hellas, ne vous secourent, et vous me regardez, moi qui suis un ami impuissant ; et qui ne suis rien qu’un vain bruit de paroles ! Mes forces anciennes ne sont plus, et mes membres sont tremblants de vieillesse, et ma vigueur s’est évanouie. Si j’étais jeune et fort, ayant saisi une lance, j’ensanglanterais sa tête blonde, et, plein de terreur, il fuirait par delà les bornes atlantiques !

LE CHŒUR.

Les hommes irréprochables n’ont-ils pas occasion de parler, bien qu’ils soient lents à le faire ?

LYKOS.

Parle insolemment contre moi ; je te répondrai en te châtiant. Vous, allez ! les uns sur le Hélikôn, les autres dans les gorges du Parnasos. Ordonnez aux bûcherons de couper des troncs de chêne ; et, dès qu’ils les auront apportés dans la Ville, amassant un bûcher autour de l’autel, brûlez et consumez les corps de tous ceux-ci, afin qu’ils sachent que ce n’est pas un mort qui commande à cette terre, mais moi seul ! Vous, vieillards, qui êtes opposés à mes desseins, vous ne pleurerez pas uniquement les enfants de Hèraklès, mais les calamités de vos propres familles, quand elles souffriront par moi ; et rappelez-vous que vous êtes mes esclaves !