Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/513

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fantés ? et j’estime la mort une chose malheureuse ; mais je crois qu’il est insensé, l’homme qui lutte contre la nécessité. Pour nous, puisqu’il est nécessaire de mourir, mourons donc, mais non consumés par le feu, excitant ainsi le rire de nos ennemis, ce qui est pour moi un mal plus grand que la mort elle-même. Nous devons à notre race de nobles exemples. Tu as une glorieuse renommée guerrière, et tu ne saurais supporter de mourir lâchement. Mon illustre mari n’a-t-il point donné la preuve qu’il ne voudrait pas sauver ses enfants au prix d’une mauvaise renommée ? Car les hommes bien nés souffrent des actions honteuses de leurs enfants, et je ne dois pas rejeter l’exemple de mon mari. Considère ton espérance, telle que je la juge. Tu penses que ton fils reviendra du fond de la terre ? Mais quel mort est jamais revenu du Hadès ? Pouvons-nous fléchir Lykos par nos paroles ? Non, certes ! Il faut fuir un ennemi stupide, et il convient de céder à des ennemis sages et de nobles mœurs. On obtient plus facilement leur clémence, en se montrant doux envers eux. Déjà, il m’est venu dans l’esprit d’obtenir par nos supplications l’exil pour ces enfants ; mais il est lamentable d’acheter son salut au prix d’une misérable pauvreté, car on dit qu’un hôte ne fait pas, plus d’un jour, bon visage à des amis exilés. Souffre donc la mort avec nous, puisqu’elle t’attend. J’en appelle à ta bonne race, vieillard ! Celui qui veut lutter contre les maux envoyés par les Dieux prouve du zèle, mais ce zèle est de la démence, car nul ne peut faire que ce qui doit être fatalement n’arrive pas.

LE CHŒUR.

Quand mes bras étaient vigoureux, si quelqu’un t’avait