Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/512

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LE CHŒUR.

Ô nés de la terre, qu’Arès sema autrefois, après qu’il eut arraché les dents voraces du Dragon, que ne levez-vous ces sceptres sur lesquels s’appuie votre main droite, et n’ensanglantez-vous la tête impie de cet étranger qui, bien qu’il ne soit pas Thèbaien, et très lâche qu’il est, opprime nos jeunes hommes ? Mais, au moins, jamais tu ne me commanderas impunément, ni tu ne t’empareras de ce que j’ai acquis par le grand travail de mes mains. Retourne avec ta méchanceté et ton insolence, là d’où tu viens, car, moi vivant, tu ne tueras jamais les enfants de Hèraklès ! Il n’est pas caché si profondément sur la terre, ayant laissé des enfants. Toi, tu as ruiné cette terre, et lui l’a sauvée, sans en être dignement récompensé. Ai-je donc le souci de ce qui m’est étranger, en m’inquiétant de mes amis morts, en un moment où j’ai le plus besoin d’amis ? Ô ma main droite, combien tu désires saisir la lance, mais la faiblesse de mon grand âge rend mon vœu inutile. Sinon, je te réprimerais, toi qui m’appelles esclave, et j’habiterais glorieusement Thèba dans laquelle tu te réjouis. En effet, la Cité, en proie à la sédition et aux mauvais conseils, a perdu toute sagesse ; car autrement, jamais elle ne t’eût subi pour Maître !

MÉGARA.

Je vous loue, ô vieillards ! Il convient, en effet, que des amis montrent une juste colère en faveur de leurs amis ; mais ne vous attirez aucun mal, en vous irritant à cause de nous contre vos Maîtres. Écoute mes paroles, Amphitryôn ! et dis si elles te semblent sages. J’aime mes enfants, car comment n’aimerais-je pas ceux que j’ai conçus et en-