Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/541

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LE CHŒUR.

Le meurtre le plus célèbre et le plus incroyable, commis sur la terre d’Argos et connu de la Hellas, est celui qu’accomplirent les filles de Danaos ; mais ceci a surpassé et vaincu les anciens crimes ! Je puis dire que le meurtre de l’unique et divin fils de Proknè fut une offrande aux Muses ; mais toi, ô malheureux, tu as égorgé dans ta rage les trois fils que tu as engendrés ! Auquel d’entre eux vouer mes larmes, ou mes gémissements, ou la lamentation des morts, ou le chœur sacré du Hadès ? Hélas ! hélas ! voyez s’ouvrir les deux battants des hautes demeures ! Hélas ! hélas ! voyez ces misérables enfants couchés auprès de leur misérable père qui dort d’un terrible sommeil, hors de ce massacre ! Des liens aux nœuds multipliés enserrent le corps de Hèraklès, et l’attachent aux colonnes de pierre des demeures. Mais, tel qu’un oiseau qui gémit sur sa couvée sans plumes encore, le vieillard s’approche d’un pas lent, au milieu de ces choses terribles !




AMPHITRYÔN.

Ne vous tairez-vous pas, vieillards ? Ne le laisserez-vous pas oublier ses maux dans le sommeil ?

LE CHŒUR.

Je gémis et pleure, vieillard ! sur toi, sur ces enfants et sur cette tête illustre par ses victoires.

AMPHITRYÔN.

Retirez-vous au loin ; ne faites aucun bruit, ne criez pas. Il dort paisiblement ; laissez-le dormir.