Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/552

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AMPHITRYÔN.

Ô fils ! écarte ton péplos de tes yeux ; rejette-le, montre ta face au jour ! L’amitié, égaie aux bienfaits, compense tes larmes. Je te supplie par ton menton, par tes genoux, par ta main, par les vieilles larmes que je verse ! hélas ! fils ! réprime ton cœur de lion farouche, car tu cours à des actions impies et mortelles, en voulant ajouter, ô fils, les malheurs aux malheurs.

THÈSEUS.

Allons ! je t’appelle, toi qui restes tristement assis. Montre ton visage à tes amis. Aucune obscure nuée n’est assez noire pour cacher l’horreur de tes maux. Pourquoi me tends-tu la main, en me montrant ce carnage ? Crains-tu de me souiller en me parlant ? Je ne refuse pas d’être malheureux avec toi, ayant été autrefois heureux ensemble ; et je dois me souvenir que tu m’as ramené d’entre les morts à la lumière. Je hais la gratitude vieillissante de ceux qui, à la vérité, veulent bien jouir de la prospérité de leurs amis, mais refusent de naviguer avec eux quand ils sont malheureux. Lève-toi ! découvre ta tête malheureuse, regarde-nous ! Quiconque est bien né parmi les vivants supporte les calamités des Dieux et les accepte.




HÈRAKLÈS.

Thèseus, as-tu vu cet égorgement de mes enfants ?

THÈSEUS.

Je sais, je vois les malheurs dont tu parles.