Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/57

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il n’y avait autour de l’autel que des larmes et des soupirs. Hélas ! hélas ! Quelle eau purificatrice il y avait là !

ORESTÈS.

Moi aussi j’ai déploré l’action qu’osa mon père.

IPHIGÉNÉIA.

Ô indigne père ! J’ai subi une destinée indigne d’être faite par un père. Mais les choses s’enchaînent les unes les autres.

ORESTÈS.

Certes ! si tu avais tué ton frère, ô malheureuse, par la volonté de quelque Daimôn !

IPHIGÉNÉIA.

Ô malheureuse à cause de cette action horrible ! Hélas ! J’aurais commis une action horrible, ô frère ! À peine as-tu échappé à cette mort impie, égorgé par mes mains ! Mais quelle sera la fin de ces maux ? Quelle destinée m’attend ? Quel moyen trouverai-je pour te sauver de la mort, pour te renvoyer dans la patrie Argienne avant que l’épée verse ton sang ? C’est à toi, ô âme malheureuse, de trouver ce moyen. Sera-ce par terre, non sur une nef, à pied, que tu éviteras la mort en marchant par des chemins difficiles, à travers des nations Barbares ? Et, certes, par le détroit rocheux des Kyanées, la route est longue en fuyant sur une nef. Malheureuse ! Malheureuse ! Quel Dieu, ou quel mortel, ou quel moyen inattendu, révélant