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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/584

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souille encore les murs, et celui qui l’a égorgé monte ouvertement sur le char même de mon père, et se glorifie de porter, entre ses mains souillées par le meurtre, le sceptre avec lequel celui-ci commandait aux Hellènes ! Et le tombeau d’Agamemnôn est délaissé : jamais il n’a reçu ni libations, ni rameaux de myrte ; et son bûcher est privé d’offrandes. Et, toujours ivre, l’illustre mari de ma mère, comme on le nomme, insulte le tombeau et attaque à coups de pierre le tertre funèbre de mon père, et il ose nous insulter par ces paroles : — Où est ton enfant Orestès ? Est-il ici, défendant courageusement ta tombe ? — Mon frère absent est ainsi outragé ! ô Étranger, je t’en supplie, rapporte-lui ceci. Beaucoup l’appellent dont je suis l’interprète : ces mains, cette bouche, ce triste cœur, ma tête rasée et son père lui-même ! Car il serait honteux qu’un fils dont le père a dompté les Phryges ne pût tuer un seul homme, étant jeune et né d’un père illustre.

LE CHŒUR.

Je vois cet homme, je veux dire ton mari, qui, ayant achevé son travail, s’avance vers la demeure.




LE LABOUREUR.

Ah ! quels sont ces étrangers que je vois aux portes ? Quelle cause les amène à ces portes agrestes ? Ont-ils besoin de moi ? Car il est honteux à une femme de s’arrêter avec des jeunes hommes.