Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/609

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étrangers sacrifient avec les citoyens, Aigisthos, nous sommes prêts, et nous ne nous y refusons pas, ô Roi ! — Puis, ils laissèrent là ce discours ; et les serviteurs, déposant leurs lances, sauvegarde du Roi, mirent tous les mains à l’ouvrage. Et les uns apportaient le kratèr, et les autres les corbeilles, et d’autres allumaient le feu et disposaient les bassins autour du foyer ; et toute la demeure retentissait. Alors, le mari de ta mère, répandant l’orge salée sur les autels, dit ces paroles : — Nymphes des rochers, puissé-je vous sacrifier souvent des bœufs ! Puissions-nous, moi et la Tyndaris, ma femme, vivre dans ces demeures, toujours heureux comme maintenant et vainqueurs de nos ennemis ! — Il voulait parler d’Orestès et de toi. Et mon maître faisait des souhaits opposés, mais non pas à haute voix, et demandait de recouvrer les demeures paternelles. Et Aigisthos, prenant dans la corbeille le couteau à lame droite, coupa les poils du veau, et, de sa main droite, les jeta dans le feu purificateur ; puis, il frappa le veau à l’épaule, tandis que les serviteurs le soulevaient de leurs mains, et il dit à ton frère : — On met, chez les Thessaliens, parmi les arts nobles, celui de dépecer habilement un taureau et de dompter un cheval. Prends ce fer, ô Étranger, et prouve que cette renommée des Thessaliens est vraie. — Et Orestès, ayant saisi le couteau Dorique bien trempé, et rejeté sur ses épaules son manteau attaché par de belles agrafes, choisit Pyladès pour aide, écarta les serviteurs, et prenant le veau par un pied, étendit la main et dépouilla les blanches chairs du dos, plus promptement qu’un coureur à cheval n’accomplit la course du double stade. Puis, il ouvrit les entrailles. Ayant pris dans ses mains les parties sacrées, Aigisthos les observait. Et le lobe qui manquait aux intes-