Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/610

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tins et le réceptacle de la bile présageaient des malheurs à qui les observait. Et il contractait son visage, et mon maître l’interrogea : — Pour quelle raison es-tu triste ? — Ô Étranger, je redoute quelques embûches du dehors. J’ai un ennemi de mes demeures, les plus odieux des mortels, le fils d’Agamemnôn. — Et Orestès dit : — Crains-tu les embûches d’un exilé, toi qui commandes dans cette Cité ? Afin que, cette exploration faite, nous célébrions le festin, qu’on m’apporte un couteau Phthiadien, au lieu d’un Dorique, pour que j’honore la poitrine ! — Et, saisissant le couteau, il frappa. Et Aigisthos divisait les viscères, et les observait. Et, comme il inclinait la tête en avant, ton frère, dressé sur la pointe des pieds, le frappa dans les vertèbres et lui brisa les attaches du dos, et tout le corps palpitait et se tordait dans les convulsions de la mort ! Les serviteurs, voyant cela, se jetèrent sur leurs lances, afin de combattre plusieurs contre deux ; mais Orestès et Pyladès leur tinrent tête avec intrépidité, en brandissant leurs armes. Et Orestès dit : — Je ne suis point venu pour nuire à cette Ville ni à mes serviteurs ; mais je me suis vengé du meurtrier de mon père, moi, le malheureux Orestès ! Ne me tuez pas, vous, les anciens serviteurs de mon père ! — Eux, ayant entendu ces paroles, retinrent leurs lances. Et Orestès est reconnu par un très viril homme attaché aux demeures, et tous couronnent la tête de ton frère, heureux et joyeux. Et il vient de présenter la tête, non de Gorgô, mais d’Aigisthos que tu exècres. Son sang paye ainsi avec usure celui qu’il a versé !