Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/651

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LE KYKLÔPS.

Ils ne savaient donc pas que je suis Dieu, et né des Dieux ?

SEILÈNOS.

Je le leur ai dit, et, cependant, ils emportaient tes biens, et ils mangeaient ton fromage malgré moi, et ils emmenaient ces agneaux. Et ils disaient que, t’ayant lié par le nombril avec un carcan de trois coudées, ils arracheraient tes entrailles de force et te déchireraient comme il faut le dos à coups de fouet ; et que, t’ayant enchaîné et jeté dans leur nef, ils te vendraient à quelqu’un pour remuer des pierres avec un levier, ou pour être jeté au fond d’un moulin !

LE KYKLÔPS.

En vérité ? Va donc promptement aiguiser mes couteaux. Amasse un paquet de bois et mets y le feu. Aussitôt égorgés, ils vont m’emplir le ventre ! Sans autre découpeur que moi-même, j’en mangerai une partie grillée sur les charbons, une autre cuite et bouillie, attendu que je suis rassasié de nourriture montagnarde, et que j’ai assez mangé de lions et de cerfs. Il y a déjà longtemps que je n’ai dévoré de chair humaine.

SEILÈNOS.

Certes, ô Maître, il est agréable de manger de nouveaux mets après les mets accoutumés, et il y a longtemps que d’autres étrangers sont venus dans ton antre.

ODYSSEUS.

Kyklôps ! écoute à leur tour les étrangers. Désirant