Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/652

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profiter de l’occasion pour acheter des vivres, nous sommes venus de notre nef vers ton antre. Celui-ci nous a vendu et donné tes agneaux pour un scyphon de vin, après avoir bu, de bon gré de part et d’autre, et sans qu’il ait eu aucune violence. Il n’y a rien de vrai dans ses paroles, et tu l’as surpris vendant secrètement ton bien.

SEILÈNOS.

Moi ? Puisses-tu périr misérablement…

ODYSSEUS.

Si je mens.

SEILÈNOS.

Non ! par Poséidôn qui t’a engendré, ô Kyklôps ! Par le grand Tritôn, par Nèreus, par Kalypsô et les filles de Nèreus, par les flots sacrés et toute la race des poissons, je le jure, ô très beau, ô mon petit Kyklôps, ô mon petit Maître, je n’ai pas vendu tes biens aux étrangers ! Sinon que mes enfants périssent misérablement, eux que j’aime tant !

LE CHŒUR.

À toi, maintenant ! Certes, je t’ai vu vendre ceci à ces étrangers. Si je parle faussement, que mon père périsse ! Mais n’outrage pas ces étrangers.

LE KYKLÔPS.

Vous mentez. J’ai une plus grande confiance en celui-ci qu’en Rhadamanthos, et je le déclare plus équitable. Mais je veux les interroger. D’où naviguez-vous, ô Étrangers ? D’où êtes-vous ? Quelle ville vous a nourris ?