Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/653

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ODYSSEUS.

Nous sommes Ithakiens de race, et nous venons d’Ilios ; et, après avoir renversé cette Ville, nous avons été jetés sur ta terre par les vents tempêtueux de la mer, ô Kyklôps !

LE KYKLÔPS.

Êtes-vous de ceux qui, à cause de l’enlèvement de la très mauvaise Hélénè, êtes partis pour la Ville voisine du Skamandros ?

ODYSSEUS.

Ceux-là mêmes. Et nous avons subi de rudes fatigues.

LE KYKLÔPS.

C’est une expédition honteuse que de naviguer, à cause d’une femme, jusqu’à la terre des Phryges.

ODYSSEUS.

Ce fut le fait d’un Dieu. N’accuse aucun des mortels. Mais nous te supplions, ô fils bien-né du Dieu de la mer ! et nous te parlons librement. Ne tue pas des hommes venus en amis dans ton antre, et crains de faire d’eux une nourriture impie pour tes mâchoires ! Car, ô Roi, nous avons assuré à ton père, jusqu’aux extrémités de la terre de la Hellas, la sûre possession de ses Temples. Le port sacré de Tainaros reste inviolé ; et les hautes gorges de Maléa, et les roches de Sounios riches en argent consacrées à la Déesse Athana, et les refuges Géraistiens sont intacts ; et nous n’avons point pardonné aux Phryges les amers outrages faits à la Hellas. Tu as ta part de cette