Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/655

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de lait, je frappe mon manteau d’un bruit qui, certes, résonne autant que le tonnerre de Zeus ! Et quand le Thrèkien Boréas fait tomber la neige, enveloppant mes membres de peaux de bêtes sauvages et allumant du feu, je me moque de la neige. Nécessairement, la terre, qu’elle le veuille ou non, produit de l’herbe et engraisse mes troupeaux que je ne tue pour aucun autre que moi ; non, certes, pour les Dieux, mais pour ce ventre-ci, qui est le plus grand des Daimones ! En effet, boire et manger ce qu’il faut chaque jour, et ne point se tourmenter, voilà le Zeus des sages. Pour ceux qui ont établi les lois et embarrassé la vie des hommes, je les exècre. Donc, je n’hésiterai à me faire du bien en te mangeant. Reçois ces dons hospitaliers, afin que je sois sans reproche, c’est-à-dire ce feu et cette eau et cette marmite qui cuira bel et bien ta chair bouillie. Mais glissez-vous là-dedans, dans l’antre du Dieu, afin que, rangés autour de l’autel, vous serviez à mes repas.




ODYSSEUS.

Hélas ! J’ai échappé aux fatigues de Troia et de la mer, et j’aborde maintenant au cœur inaccessible d’un homme impie. Ô Pallas, ô Maîtresse, ô Déesse fille de Zeus, maintenant, maintenant viens à mon aide ! Car j’ai rencontré des épreuves plus effrayantes que celles d’Ilios et le fond même du danger ! Et toi, qui sièges parmi les astres étincelants, ô Zeus hospitalier, vois ceci ! Si tu ne le vois pas, c’est en vain qu’on te croit Zeus, car tu n’es rien !