Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/656

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LE CHŒUR.

Ô Kyklôps ! Ouvre les lèvres de ta vaste gueule, car voici que les membres de tes hôtes, rôtis, bouillis, retirés du feu pour être mangés et engloutis, et posés sur la peau velue d’une chèvre, sont prêts à être broyés sous tes dents ! Je t’en prie, ne m’en offre pas. Charge tout seul le flanc de la nef. Je salue pour toujours cet antre et ce sacrifice impie de victimes que se fait le Kyklôps Aitnaien, lui qui se plaît à dévorer les chairs de ses hôtes. Il est féroce, le misérable qui égorge les étrangers suppliants qui viennent s’asseoir aux foyers de ses demeures, les coupant, les mangeant, et se repaissant, à l’aide de ses dents horribles, des chairs humaines cuites et retirées toutes chaudes de dessus les charbons !




ODYSSEUS.

Ô Zeus ! Que dirai-je des choses affreuses que j’ai vues dans cet antre, incroyables, telles que des fables, et non telles que des actions humaines ?

LE CHŒUR.

Qu’est-ce, Odysseus ? Le très impie Kyklôps a-t-il mangé tes chers compagnons ?

ODYSSEUS.

Certes, deux, après les avoir regardés et pesés pour reconnaître ceux qui avaient la chair la plus grasse et la plus délicate !