Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/661

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1er DEMI-CHŒUR.

Allons ! Qui est le premier ? Qui viendra après, tenant en main le tison, et, l’enfonçant dans les paupières du Kyklôps, crèvera son œil clair ?

2e DEMI-CHŒUR.

Tais-toi ! tais-toi ! Le discordant chanteur, déjà ivre, et rendant un son brutal, sort de sa demeure de pierre. Enseignons la débauche à cet ignorant ; bientôt il sera entièrement aveugle.

1er DEMI-CHŒUR.

Heureux celui qui s’enivre, tout réjoui de la douce liqueur des raisins, pressant un cher jeune homme dans ses bras ! et qui, sur les fleurs de son lit, caressant les cheveux brillants et parfumés d’une Hétaïre, chante : — Qui m’ouvrira ?

LE KYKLÔPS.

Pan ! pan ! pan ! Je suis plein de vin, et je me délecte de la volupté des repas, et, comme une nef de charge, mon ventre est plein jusqu’au dernier banc ! Cette herbe riante m’invite à célébrer la saison printanière avec mes frères, les Kyklopes. Allons ! allons ! Étranger, donne-moi l’outre !

2e DEMI-CHŒUR.

Beau, et regardant avec de beaux yeux, il sort de sa demeure. Il nous est cher, et il nous aime ! Les flambeaux attendent ton corps, et la tendre Nymphe est là dans l’antre plein de rosée ; et une couronne aux couleurs variées va bientôt ceindre ta tête !