Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/669

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mauvais voisin, et tire-toi d’affaire d’un seul coup ! Et toi, fils de la noire Nyx, Hypnos ! tombe sur cette bête féroce ennemie des Dieux ! Après les glorieuses fatigues Troiennes, ne perdez pas Odysseus et ses marins par cet homme qui ne s’inquiète ni des Dieux, ni des mortels ! Sinon, il faut penser que la fortune est un Daimôn plus puissant que les Dieux.

LE CHŒUR.

La tenaille va serrer le cou de celui qui mange ses hôtes. Bientôt il perdra sa claire prunelle par le feu. Déjà le tison embrasé, le grand rameau du chêne est caché sous la cendre. Que Marôn, qui enivre, prépare le châtiment et arrache la paupière du Kyklôps, et qu’il boive pour sa perte ! Moi, je veux revoir Bakkhos qui aime le lierre, et abandonner la solitude du Kyklôps. Y parviendrai-je ?

ODYSSEUS.

Taisez-vous, par les Dieux, Satyres ! et restez en repos, la bouche close. Je ne vous permets ni de respirer, ni de cligner des yeux, ni de cracher, de peur d’éveiller ce mauvais, avant que son œil soit consumé par le feu.

LE CHŒUR.

Nous nous taisons, et retenons notre souffle dans nos gorges.

ODYSSEUS.

Allons ! Saisissez le tison, et entrez. Il est assez enflammé !