Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/86

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THOAS.

Parle ! Ton conseil est bon ; car, sans doute, ils ne naviguent point près d’ici, afin d’échapper à ma lance.

LE MESSAGER.

Après être arrivés au rivage de la mer, où la nef d’Orestès avait secrètement abordé, là où tu nous avais envoyés, tenant les chaînes des Étrangers, la fille d’Agamemnôn, par un signe, nous ordonna de nous éloigner, comme si elle allait allumer le feu mystérieux et commencer la purification. Elle allait par derrière tenant les chaînes des deux Étrangers. Ceci, à la vérité, semblait suspect, mais cependant, tes serviteurs, ô Roi, en paraissaient satisfaits. Enfin, pour que nous pussions croire qu’elle faisait quelque grande chose, elle hurla et chanta des chants barbares, avec des rites magiques, comme pour expier la souillure du meurtre. Après être restés longtemps en repos, il nous vint dans l’esprit que les Étrangers, dénouant leurs liens, pourraient la tuer et s’enfuir. Cependant, dans la crainte de voir ce qui nous était défendu, nous restâmes muets. Mais enfin, nous eûmes tous la pensée d’aller à eux, bien que ceci ne fût pas permis. Là, nous voyons une nef de la Hellas, munie d’avirons et de toiles ailées, et cinquante rameurs qui tenaient les avirons dressés, et les deux jeunes hommes libres de leurs liens, qui se tenaient près de la poupe. Et les uns retenaient la proue avec des perches, et les autres suspendaient l’ancre aux épotides, et d’autres appliquaient en hâte les échelles et envoyaient aux Étrangers les câbles qu’ils jetaient à la mer. Mais nous, voyant ces ruses, nous saisissons l’Étrangère et les câbles, et nous