Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/90

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les fouets des Érinnyes. Et les mortels chanteront désormais Artémis sous le nom de la Déesse Tauropole. Quand le peuple célébrera le souvenir de l’expiation de ton meurtre, qu’on approche une épée de la gorge d’un homme, et qu’on en tire du sang, en signe de piété pour la Déesse, et pour qu’elle reçoive les honneurs qu’on lui doit. Toi, Iphigénéia, sur les roches sacrées de Braurôn, il faut que tu sois la gardienne du temple de la Déesse. Morte, tu y seras ensevelie, et les péplos au beau tissu, qu’auront laissés les femmes qui auront rendu l’âme en enfantant, seront tes monuments funéraires. Je t’ordonne de ramener aussi ces femmes Hellènes, en récompense de leur bienveillance pour ta cause. Puisque je t’ai déjà sauvé, sur la colline d’Arès, par l’égalité des suffrages, je veux, Orestès, d’après la même loi, qu’il soit absous celui qui aura l’égalité des suffrages. Emmène ta sœur loin de cette terre, et toi, ne t’irrite point, Thoas !

THOAS.

Reine Athana, celui qui, ayant entendu les ordres des Dieux, n’obéit pas, n’a pas l’esprit sain. Je ne m’irriterai donc, ni contre Orestès, s’il enlève la statue de la Déesse, ni contre sa sœur. Il n’y a rien de beau, en effet, à lutter contre la puissance. Qu’ils s’en aillent sur la terre avec l’image de la Déesse et qu’ils y déposent heureusement la statue ! Je renverrai aussi ces femmes dans l’heureuse Hellas, puisque ta voix me l’ordonne, et je retiendrai l’armée que je conduisais contre ces Étrangers, ainsi que les avirons de mes nefs, puisqu’il te plaît ainsi, ô Déesse !

ATHÈNA.

Je t’approuve, car le Destin commande sur toi et sur