en Aulide, je ne t’en parle pas ; n’immole point Hermione ; car, dans l’état misérable où je suis réduit, tu dois prétendre plus que moi, et je dois me montrer moins exigeant : mais accorde à mon malheureux père ma vie et celle de ma sœur, dont les jours se passent dans un long célibat. En mourant, je laisserai la maison de mon père sans postérité. Diras-tu que ce que je demande est impossible ? C’est précisément dans l’adversité que les amis doivent secourir leurs amis. Quand les dieux nous sont favorables, qu’est-il besoin d’amis ? La Divinité suffit, lorsqu’elle veut nous protéger. Tu passes aux yeux des Grecs pour chérir ton épouse : ce n’est pas par une basse flatterie que je te parle ainsi ; c’est en son nom que je te conjure… Ah ! malheureux ! à quoi suis-je réduit ? Mais quoi ! il faut me résigner à souffrir ; car c’est pour ma famille entière que je fais ces supplications. Frère de mon père, oncle chéri, songe que du fond des enfers celui qui n’est plus nous écoute ; son ombre vole autour de toi, et parle par ma bouche. Voilà ce que j’avais à te dire, au milieu des larmes, des sanglots et des calamités ; je demande la vie, ce que tous les êtres cherchent ainsi que moi.
Moi aussi, quoique je sois une femme, je te supplie de secourir ceux qui sont dans la détresse ; car tu le peux.
[682] Oreste, je respecte ta personne, et je veux t’aider dans ton infortune. Il convient, en effet, si les dieux nous en donnent la force, de partager les souffrances de nos proches, même au péril de notre vie, et en faisant périr