Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/105

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impuissant à venger tes amis ! Tu fuis, tu m’évites : les services d’Agamemnon sont oubliés. Ô mon père ! tu n’as donc pas trouvé d’amis dans ton infortune ! Hélas ! je suis trahi, il n’est plus d’espoir, plus de refuge pour éviter la mort que les Argiens me préparent : celui-là était mon seul asile. — Mais je vois le plus chéri des mortels, Pylade, qui revient en hâte de la Phocide. Vue qui réjouit mon cœur ! Un ami fidèle, dans l’adversité, est plus doux à voir qu’un ciel pur aux matelots.

Pylade

[729] J’ai traversé la ville d’un pas plus rapide qu’il ne convenait ; mais j’ai entendu annoncer l’assemblée du peuple, je l’ai vue de mes yeux ; c’est contre toi et contre ta sœur, et ils paraissent vouloir vous mettre à mort à l’instant. Qu’est-il donc arrivé ? Où on es-tu, que fais-tu, ô le plus cher de mes amis, de mes parents, de mes compagnons ? car tu es tout pour moi.

Oreste

Nous sommes perdus, pour te dire en un mot tous mes malheurs.

Pylade

Ah ! tu m’entraîneras avec toi dans ta ruine ; car entre amis tout est commun.

Oreste

Ménélas s’est montré perfide envers moi et envers ma sœur.

Pylade

Il est naturel que l’époux d’une femme perverse devienne lui-même pervers.

Oreste

Sa présence m’a été tout aussi utile que s’il n’était pas venu.

Pylade