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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/114

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Ah ! nous sommes perdus, tes paroles mε l’annoncent ; tu viens, je le vois, en messager de malheurs.

Le Messager

[857] Infortunée, une sentence des Argiens condamne aujourd’hui ton frère et toi à mourir.

Electre

Hélas ! il est arrivé ce moment, dont l’attente longtemps redoutée flétrissait mes jours dans les larmes. Mais quel a été le débat ? quels discours parmi les Argiens ont amené notre condamnation et notre sentence de mort ? Parle, ô vieillard ! dois-je être lapidée ? ou est-ce par le fer que je dois terminer ma vie, avec mon frère, dont je partage la destinée ?

Le Messager

[866] Je venais des champs, et j’entrais dans la ville, voulant m’informer de ton sort et de celui d’Oreste ; car je fus toujours dévoué à ton père, et ta famille, qui m’a nourri, a en moi un serviteur pauvre, mais qui sait servir ses amis avec courage. Je vois la foule accourir, et prendre place sur la colline où l’on dit que Danaüs, puni du crime qu’il avait commis envers Égyptus, réunit le premier le peuple en assemblée publique. [884] A la vue de cette réunion, je demande à un citoyen ce qu’il y a de nouveau dans Argos, si quelque entreprise des ennemis amis en émoi la ville de Danaüs ? — « Ne vois-tu pas, me répond-il, Oreste qui s’avance, pour soutenir le combat qui doit décider de sa vie ? » Je vois en effet ce spectacle inattendu, et puissé-je ne l’avoir jamais vu, Pylade et ton frère marchant ensemble,