Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/113

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c’est un délire criminel. Dans les angoisses de la mort, la malheureuse fille de Tyndare s’écria : « Mon fils, c’est un forfait impie, de tuer ta mère ; prends garde, en vengeant ton père, de te couvrir d’une infamie éternelle. »

[831] Est-il sur la terre des maux plus cruels, est-il un plus juste sujet de larmes et de pitié, que le sang d’une mère versé par la main de son fils ? Voilà, voilà le crime qui livre en proie aux Furies vengeresses le fils d’Agamemnon, agité d’horribles transports, et roulant des yeux égarés. Malheur à lui, le jour où voyant le sein maternel s’échapper de la robe tissue d’or, il y plongea un fer parricide, pour venger le trépas d’un père !

Electre

Femmes, le malheureux Oreste s’est-il éloigné de ce palais, dans un accès de la fureur que lui infligent les dieux ?

Le Chœur

Non ; il est allé à l’assemblée des Argiens, pour soutenir la lutte engagée contre lui, et où il s’agit pour vous de la vie ou de la mort.

Electre

Hélas ! qu’a-t-il fait ? qui lui a donné ce conseil ?

Le Chœur

C’est Pylade. — Mais voici un messager, qui sans doute ne tardera pas à nous dire ce qui s’est passé touchant ton frère.

Le Messager

Ô malheureuse, ô infortunée fille d’Agamemnon, chef des Grecs, noble Électre, écoute les tristes nouvelles que je t’apporte.

Electre