Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/118

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oui cette pitié vous convient pour l’extinction de la famille qui commanda jadis les armées de la Grèce.

[971] Elle n’est plus, elle a péri, toute la race de Pélops, cette famille dont la prospérité fut un objet d’envie. Elle succombe sous la haine jalouse des dieux, et sous la sentence odieuse et homicide des citoyens. Ô race déplorable des mortels, condamnée à la souffrance, voyez comme la destinée fond sur nous à l’improviste. Les malheurs succèdent sans relâche aux malheurs : la vie des mortels n’est qu’instabilité.

[982] Que ne puis-je m’élancer sur ce rocher détaché de l’Olympe, qui, suspendu à des chaînes d’or, entre le ciel et la terre, vole emporté par un rapide tourbillon ! que ne puis-je y faire éclater mes plaintes auprès du vieux Tantale, le père de mes aïeux, l’auteur de ma famille, en proie à tant de calamités, depuis le jour fatal où Pélops, dirigeant la course rapide des chevaux attelés à son quadrige, renversa Myrtile de son char, et le précipita dans les flots, près de Géreste blanchie par l’écume, le long du rivage battu par la mer ! De là vint la malédiction lamentable lancée sur notre maison, le prodige funeste envoyé par le fils de Maïa, cet agneau à toison d’or, né dans les troupeaux d’Atrée, riche en haras : de là la Discorde qui détourna le char ailé du Soleil, et Ie força de quitter la route de l’occident pour reculer vers l’aurore ; Jupiter dirige la course des sept Pléiades dans une autre voie ; puis il fait succéder les meurtres aux meurtres, et prépare l’horrible festin auquel s’attache le nom de Thyeste ; puis l’alliance d’une Crétoise,