ces derniers adieux doivent, dans notre malheur, nous tenir lieu d’enfants et d’hyménée.
Ah ! que du moins, s’il est possible, le même fer nous frappe, et qu’un même tombeau nous reçoive !
Ce sort me serait bien doux ; mais tu vois comme les amis nous manquent, pour nous unir dans le tombeau.
Il n’a donc pas parlé pour toi, il n’a pas cherché à te dérober à la mort, le perfide Ménélas, traître à mon père ?
[1058] Il n’a pas même paru ; mais, dans l’espoir du sceptre, il a craint de sauver ses amis. Mais ne songeons plus qu’à mourir avec courage, et d’une manière digne d’Agamemnon. Pour moi, je montrerai ma noblesse aux citoyens, en me perçant le cœur de mon épée : c’est à toi d’imiter ma fermeté. Toi, Pylade, préside à ce combat funèbre ; après notre mort, arrange nos corps avec les cérémonies accoutumées, et ensevelis-les ensemble auprès du tombeau de mon père. Adieu ; tu le vois, je vais accomplir ma résolution.
Arrête : voici le premier reproche que j’ai à te faire, si tu as cru que je voudrais vivre après toi.
Pourquoi faut-il que tu meures avec moi ?
Tu le demandes ? mais à quoi bon vivre sans ton amitié ?