point couler mes larmes par le souvenir de nos infortunes !
Il nous faut mourir : est— il possible de ne pas gémir sur notre sort ? car la vie est un objet de regrets pour tous les mortels.
[1035] Ce jour est le dernier pour nous : il faut suspendre le lacet fatal, ou aiguiser le glaive de notre main.
Mon frère, donne-moi toi-même le coup mortel, pour qu’aucun Argien ne fasse cet outrage à la fille d’Agamemnon.
C’est assez du sang d’une mère ; je ne te donnerai point la mort. Meurs de ta propre main, et choisis toi-même ton supplice.
Je le ferai ; le glaive qui te frappera ne me manquera point : mais du moins que je puisse te serrer dans mes bras !
Jouis de ce vain plaisir, si c’est un plaisir de serrer dans ses bras ceux qui marchent à la mort.
O mon tendre frère, toi à qui le nom de ta sœur fut toujours si cher et si doux, toi qui n’es qu’une âme avec elle !
[1047] Tu me feras fondre en larmes. Oui, je veux répondre à ta tendresse par la mienne : et pourquoi en rougirais-je ? Ô sein chéri d’une saur ! ô doux embrassements ! Ah !