Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à tant de guerriers. Non, il ne faut pas que Ménélas prospère, et que ton père, toi, ta sœur, vous périssiez, et que ta mère… Mais je n’en parlerai pas, ce souvenir ne doit pas se rappeler. Il ne faut pas qu’il possède ton palais, ni l’épouse qu’il doit à la valeur d’Agamemnon. Que je cesse de vivre, si je ne la perce de ce fer ! ou, si nous ne parvenons à frapper hélène, embrasons ce palais et ensevelissons-nous sous ses ruines ; l’un de ces deux honneurs ne nous manquera pas, ou une glorieuse mort, ou un salut glorieux.

Le Chœur

La fille de Tyndare a mérité la haine de toutes les femmes, pour avoir déshonoré son sexe.

Oreste

[1155] Non, ni la richesse, ni la royauté, rien ne vaut un ami fidèle : c’est un choix insensé, de préférer la multitude à un ami généreux. C’est toi qui inventas le piège où est tombé Égisthe : tu étais près de moi dans le danger, et maintenant encore c’est toi qui m’enseignes à me venger de mes ennemis ; tu ne m’abandonnes pas. Mais je m abstiens de te louer, car on se fatigue aussi de louanges trop répétées. Pour moi, dussé-je rendre le dernier soupir, je veux tout faire pour voir périr mes ennemis, pour perdre à mon tour ceux qui m’ont trahi, et pour faire gémir les auteurs de mon infortune. Je suis le fils d’Agamemnon qui fut jugé digne de commander à la Grèce ; sans exercer le pouvoir absolu, il eut presque la puissance d’un dieu. Non, je ne déshonorerai point sa mémoire, en mourant de la mort d’un esclave ; je perdrai la vie en homme libre, et je me vengerai de ménélas. Si