Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/27

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HÉCUBE.

Que disais-tu alors, quand je t’avais en ma puissance ?

ULYSSE.

Tout ce que le danger pouvait me suggérer pour ne pas mourir.

HÉCUBE.

Je te sauvai alors, et je t’aidai à fuir.

ULYSSE.

Oui, et je te dois de voir encore la lumière.

HÉCUBE.

[251] Eh bien ! n’est-ce pas d’un méchant ce que tu médites contre nous, toi qui, après avoir reçu de moi les services que tu avoues, loin de me rendre le bien, me fais tout le mal qu’il est en toi de me faire ? O race ingrate, orateurs populaires, qui briguez les honneurs ! loin de moi, vous qui comptez pour rien de nuire à vos amis, pourvu que vos discours plaisent à la multitude ! Mais enfin, quels subtils arguments ont-ils pu trouver pour porter un arrêt de mort contre cette jeune fille ? Quelle nécessité les oblige à verser le sang humain sur un tombeau, que devrait arroser plutôt le sang des hécatombes ? Pour venger le meurtre d’Achille sur ses meurtriers, est-il juste de donner la mort à Polyxène ? Jamais elle ne lui fit aucun mal. C’est Hélène que du fond de son tombeau il doit demander pour victime ; c’est elle qui l’a fait périr et qui l’a conduit devant Troie. S’il faut qu’une captive d’élite meure, s’il faut une beauté éclatante, ce n’est pas de nous qu’il s’agit. La fille de Tyndare (12) est la plus belle