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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/26

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 force pas d’en venir à de lâcheuses extrémités : reconnais notre force et ta propre faiblesse. Il est sage, dans le malheur, de régler ses sentiments sur sa fortune.

HÉCUBE.

[229] Hélas ! hélas ! je le vois, une crise terrible se prépare ; elle nous coûtera bien des gémissements et bien des larmes. Malheureuse, j’ai trop vécu ! Jupiter m’a refusé la mort ; il m’a réservée pour des maux plus cruels que tous ceux que j’ai soufferts. Mais s’il est permis à une esclave d’interroger ses maîtres sans employer de paroles dures ni outrageantes, consens à m’écouter, et réponds à mes questions.

ULYSSE.

Parle, tu le peux ; je ne refuse pas de t’écouter.

HÉCUBE.

Te souvient-il du jour où tu vins à Troie comme espion, déguisé sous des vêtements en lambeaux ? Des larmes (10) coulaient de tes yeux et arrosaient ton visage.

ULYSSE.

Il m’en souvient ; ce souvenir s’est gravé profondément dans mon cœur.

HÉCUBE,

Hélène te reconnut, et m’en instruisit moi seule.

ULYSSE.

Je sais à quel danger je me vis exposé.

HÉCUBE.

[245] Ne te jetas-tu pas à mes genoux, dans l’attitude la plus humble ?

ULYSSE.

Oui, et ma main mourante (11) s’attachait à tes vêtements.