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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/299

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Phèdre, consumée sur un lit de douleur, se renferme dans son palais, et un voile léger couvre sa tête blonde. Voici le troisième jour, m’a-t-on dit, que son corps n’a pris aucune nourriture. Atteinte d’un mal caché, elle veut mettre fin à sa triste destinée.

Ô jeune femme ! tu es poursuivie par quelque divinité, soit Pan, soit Hécate, soit les Corybantes, ou Cybèle, qui erre en délire sur les montagnes. Peut-être est-ce pour quelque offense envers Diane chasseresse, pour quelque faute commise dans l’accomplissement des sacrifices, que tu es en proie à ce mal ? car elle parcourt les terres et les mers ; rien n’échappe à son empire.

Peut-être une rivale a séduit ton époux, le noble chef des enfants d’Érechthée, qui abandonne ta couche pour une union clandestine ; ou bien quelque nautonier, arrivant de la Crète, a abordé dans ce port hospitalier, apportant des nouvelles à la reine ; et l’affliction qu’elles lui ont causée la retient enchaînée dans son lit.

Le caractère capricieux des femmes est d’ordinaire le jouet d’une humeur chagrine, dans les douleurs de l’enfantement ou dans les désirs impudiques. J’ai senti moi-même autrefois ces vapeurs courir dans mes entrailles, et j’invoquais alors la déesse qui préside aux enfantements, Diane, qui lance les flèches rapides : elle fut toujours pour moi vénérable entre toutes les divinités.

Voici la vieille nourrice de Phèdre qui porte sa maîtresse devant les portes du palais : un sombre nuage obscurcit son front. Mon cœur est impatient d’en apprendre la cause, et de savoir quelle blessure a flétri la beauté de la reine.

La Nourrice.

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