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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/308

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Qu’as-tu donc, ma fille ? Tu insultes tes proches.

Phèdre.

Et moi, je meurs la dernière et la plus misérable !

La Nourrice.

Je suis saisie de stupeur. Où tend ce discours ?

Phèdre.

De là vient mon malheur ; il n’est pas récent.

La Nourrice.

Je n’en sais pas plus ce que je veux apprendre.

Phèdre.

Hélas ! que ne peux-tu dire toi-même ce qu’il faut que je dise !

La Nourrice.

Je n’ai pas l’art des devins, pour pénétrer de pareilles obscurités.

Phèdre.

Qu’est-ce donc que l’on appelle aimer ?

La Nourrice.

C’est à la fois, ma fille, ce qu’il y a de plus doux et de plus cruel.

Phèdre.

Je n’en ai éprouvé que les peines.

La Nourrice.

Que dis-tu ? Ô mon enfant, aimes-tu quelqu’un ?

Phèdre.

Tu connais ce fils de l’Amazone ?

La Nourrice.

Hippolyte, dis-tu ?

Phèdre.

C’est toi qui l’as nommé.

La Nourrice.

353Grands dieux ! qu’as-tu dit ? je suis perdue ! Mes amies,