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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/314

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Au nom des dieux (tes paroles sont flatteuses mais infâmes), ne va pas plus loin ! ne dis pas que je fais bien de soumettre mon cœur à l’amour. Si tu persistes à parer l’infamie, je tomberai dans l’abîme que je veux éviter.

La Nourrice.

507S’il te semble ainsi, il fallait ne pas tomber en faute ; cependant, si les choses sont ce qu’elles sont, écoute-moi : ce sera le second service. Je possède un philtre propre à apaiser les fureurs de l’amour ; le souvenir vient de m’en revenir à l’esprit : sans t’induire à des actions honteuses, ni sans porter atteinte à ta raison, il fera cesser ton mal, pourvu que tu ne sois pas pusillanime. Mais il faut que je me procure quelque signe de celui que tu aimes, ou quelque parole, ou un morceau de ses vêtements, pour ne faire qu’un de deux cœurs.

Phèdre.

Ce philtre s’emploie-t-il comme breuvage, ou doit-on s’en oindre le corps ?

La Nourrice.

Je ne sais : souffre qu’on te serve, ma fille, et n’exige pas qu’on t’instruise.

Phèdre.

Je crains que tu ne sois trop habile.

La Nourrice.

Tout est pour toi sujet d’alarmes. Que crains-tu encore ?

Phèdre.

Que tu ne révèles quelque chose au fils de Thésée.

La Nourrice.

Sois tranquille, ma fille, et laisse-moi tout diriger. Toi seulement, puissante Vénus, viens à mon aide. Pour