Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/313

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paroles propres à calmer les fureurs amoureuses : on trouvera un remède pour ton mal. Certes, les hommes seraient bien lents dans leurs découvertes, si nous autres femmes ne trouvions pas de tels secrets.

Le Chœur.

Phèdre, les avis qu’elle te donne sont les plus utiles dans ton malheur présent ; mais tes sentiments sont ceux que j’approuve. Cependant cet éloge t’est plus odieux et plus pénible à entendre que les discours de ta nourrice.

Phèdre.

486Voilà ce qui ruine les familles et les états les mieux constitués : ce sont les discours artificieux. Il faut dire, non ce qui flatte l’oreille, mais ce qui doit conduire à la gloire.

La Nourrice.

À quoi bon ce magnifique langage ? ce ne sont pas de belles paroles qu’il te faut, c’est l’homme que tu aimes. Il faut reconnaître au plus vite ceux qui s’expliquent directement sur ta passion. Si ta vie n’était livrée à de telles calamités, si tu n’étais une femme modeste, jamais, pour favoriser tes voluptés et tes désirs coupables, je ne t’encouragerais à cette démarche : mais maintenant il s’agit de sauver ta vie, et pour cela rien ne doit coûter.

Phèdre.

Ô exécrables conseils ! Tais-toi, malheureuse, et ne répète pas des paroles qui me font rougir.

La Nourrice.

Elles font rougir, mais elles sont meilleures pour toi que ta vertu ; et la chose vaudra mieux, pourvu qu’elle te sauve, qu’un nom pour lequel tu es fière de mourir.

Phèdre.