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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/329

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En entendant tes cris, mon père, je suis venu à la hâte. Cependant j’ignore la cause de tes gémissements, et je voudrais l’apprendre de toi. Mais que vois-je ? ton épouse sans vie ? Voilà qui est bien surprenant : je viens de la quitter vivante, il y a peu de temps. Que lui est-il arrivé ? comment est-elle morte, mon père ? Je désire l’entendre de ta bouche. Mon cœur, impatient de tout apprendre, est avide de détails, même dans le malheur. Tu te tais ? Mais le silence ne sert à rien dans la douleur. Non, il n’est pas juste, mon père, de cacher tes souffrances à tes amis, et plus encore qu’à tes amis.

Thésée.

Ô mortels sujets à tant d’erreurs, à quoi bon enseigner tant d’arts divers ? pourquoi tant d’inventions et de découvertes, tandis que vous ignorez et que vous négligez toujours l’art d’enseigner la sagesse aux pervers ?

Hippolyte.

Ce serait sans doute un maître habile, celui qui saurait contraindre les insensés à écouter la voix de la sagesse. Mais, mon père, ce n’est pas le moment de se livrer à ces discussions subtiles ; et je crains que le désespoir ne t’égare.

Thésée.

Hélas ! pourquoi les hommes n’ont-ils aucun signe certain pour connaître les cœurs et distinguer les vrais amis ? Il faudrait du moins que tous eussent deux voix, dont l’une, sincère, servît à démentir les impostures de l’autre,