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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/419

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Hermione

Elle déteste ta patrie, à cause du meurtre d’Achille.

Andromaque

C’est Hélène, c’est ta mère qui a causé sa mort, et non pas moi.

Hermione

Pousseras-tu plus loin tes outrages contre moi ?

Andromaque

Je me tais, je tiens ma bouche fermée.

Hermione

Réponds enfin sur l’objet qui m’amène.

Andromaque

Je dis que tes sentiments ne sont pas ce qu’ils devraient être.

Hermione

Enfin, quitteras-tu ce temple saint de la déesse de la mer ?

Andromaque

La mort seule pourra m’en arracher.

Hermione

La résolution en est prise, je n’attendrai pas le retour de mon époux.

Andromaque

Ni moi non plus, jusque-là, je ne me livrerai pas à toi.

Hermione

Je t’y contraindrai, en employant le feu[1], sans m’inquiéter de toi.

Andromaque

Allume donc l’incendie : les dieux en seront témoins.

  1. Chez les anciens, pour faire périr les suppliants sans violer l’asile on les entourait de feu. V. Hercule furieux, v. 242. Plaute, Rudens, act. III, sc. 4, et Mostellaria, act. V, sc. 1..