Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/420

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Hermione

Et je laisserai sur ton corps de cuisantes blessures.

Andromaque

Immole-moi, ensanglante l’autel de la déesse ; elle saura t’en punir.

Hermione

Ô race barbare, audace intraitable, tu veux braver la mort ? Va, je sais le moyen de te faire quitter de bon gré ton asile : je possède un appât puissant sur toi : mais couvrons mes paroles ; les faits parleront bientôt. Demeure ferme à ton poste ; quand tu serais attachée de toutes parts avec du plomb fondu[1], je saurai t’en arracher avant le retour du fils d’Achille, en qui tu mets ta confiance.

Andromaque

Oui, je mets en lui ma confiance. Chose étrange ! les dieux ont donné aux mortels des remèdes contre la morsure des serpents, et personne n’en a encore trouvé contre une méchante femme, pire que la vipère et que le feu, tant nous sommes un fléau pour les hommes !

le chœur

Certes, le fils de Jupiter et de Maïa fut l’auteur de bien des maux, lorsqu’il vint dans le bois de l’Ida, conduisant le char brillant des trois déesses, armées pour le funeste combat de la beauté, vers un jeune berger solitaire, dans sa retraite déserte.

Arrivées dans le bocage touffu, les déesses lavèrent leurs beaux corps dans l’eau des sources des montagnes ;

  1. Selon le Scholiaste, on affermissait la base des statues par un ciment de plomb fondu. V. aussi Plutarque, De Orac. def. Vitruve parle également de cet usage pour fixer les attaches de fer dans les édifices.