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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/426

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Ménélas

À Troie aussi, on aime à venger une offense.

Andromaque

Les dieux ne sont-ils plus des dieux ? Ne crois-tu pas à la justice vengeresse ?

Ménélas

Quand elle viendra, je la subirai ; mais toi, je te tuerai.

Andromaque

Et tu arracheras ce pauvre petit de dessous l’aile de sa mère ?

Ménélas

Non ; mais je le livrerai à ma fille, pour le faire mourir, si elle veut.

Andromaque

Hélas ! ne pourrai-je donc te pleurer, mon enfant ?

Ménélas

N’a-t-il pas lieu de compter sur un espoir bien fondé ?

Andromaque

Ô de tous les mortels les plus odieux au genre humain, habitants de Sparte, conciliabule de perfidies, rois du mensonge, artisans de fraudes, pleins de pensées tortueuses, perverses et fallacieuses, votre prospérité dans la Grèce blesse la justice[1]. Quel crime est inconnu parmi vous ? où voit-on plus de meurtres ? N’êtes-vous pas avides de gains honteux ? ne vous surprend-on pas

  1. Barnès suppose que ce passage fait allusion à la cruauté des Lacédémoniens envers les Platéens, qu'ils massacrèrent jusqu'au dernier, après qu'ils se furent rendus, cinquième année de la guerre du Péloponnèse, Ol. 88. 3. Voyez Thucydide, I. III. Voyez aussi plus bas la note sur le vers 525.