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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/438

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situations critiques, les nobles ne manquent pas de secours. C’est dans les grandes maisons que brillent sur tout l’honneur et la gloire. Le temps n’efface pas la trace des grands hommes, et la vertu brille même parmi les morts.

Il vaut mieux ne point remporter une victoire souillée d’opprobre, que de violer la justice par une puissance odieuse. Un tel triomphe a d’abord quelque douceur mais avec le temps il se change en amertume, et couvre les maisons d’infamie. La vie que j’honore, la vie que je pratique, est celle où nulle puissance n’existe hors de la justice, ni dans la famille, ni dans l’état.

Ô vieillard fils d’Éaque, oui, je le crois, tu signalas ta vaillance contre les Lapithes et les Centaures ; sur le navire Argo, dans une expédition célèbre, tu franchis les Symplégades sauvages, marécageuses, inhospitalières ; et lorsque pour la première fois l’illustre fils de Jupiter porta le carnage sous les murs d’Ilion, tu partageas ses exploits, et l’Europe te revit couvert de gloire.


la nourrice d'Hermione

Ô chères amies, quelle succession de maux fond sur nous aujourd’hui ! Hermione, ma maîtresse, abandonnée de son père, et troublée par la conscience du crime qu’elle a voulu commettre en faisant périr Andromaque et son fils, veut mourir ; elle craint que son époux ne la chasse ignominieusement, ou ne la punisse de mort, pour avoir attenté à des jours qu’elle devait respecter. À peine les esclaves qui la gardent peuvent-ils l’empêcher d’attacher à son cou le cordon fatal, et arracher de ses mains le glaive dont elle veut se percer : tant sa douleur est profonde, tant elle se sent coupable, en pensant