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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/444

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souveraine, chez moi du moins celle qui m’outragerait ainsi ne jouirait pas longtemps de la lumière. » Je prêtai l’oreille aux discours de ces artificieuses sirènes ; leur langage insinuant et dangereux m’égara jusqu’à la folie : car enfin pourquoi voulais-je garder un époux à vue ? Que manquait-il à mes désirs ? je nageais dans l’opulence, je régnais dans ce palais. J’aurais mis au jour des enfants légitimes, et ceux de ma rivale étaient des bâtards à moitié esclaves des miens. Oh ! que jamais, je le répète, que jamais les hommes sensés ne permettent aux femmes d’entrer dans leurs maisons, de s’introduire auprès de leurs épouses ! ce sont elles qui leur enseignent le vice. L’une est payée pour la corrompre ; une autre, qui se sent coupable, cherche à l’entraîner avec elle ; un grand nombre, par le libertinage. Voilà comment le désordre trouble les familles. Fermez les portes avec des grilles et des verrous. Les visites des femmes du dehors ne produisent rien de bon ; au contraire, elles font beaucoup de mal.

le chœur

Ta langue se déchaîne à l’excès contre ton sexe. Il faut te le pardonner : cependant il convient aux femmes de parer les défauts des femmes.

Oreste

Celui-là était sage, qui a donné le précepte d’entendre les discours des hommes de leur propre bouche. Car moi, connaissant le trouble qui règne dans ce palais, et tes querelles avec la veuve d’Hector, j’aurais pu attendre pour savoir si tu restes en ces lieux, ou si la crainte de la captive t’obligera d’en sortir. Mais je me suis décidé à venir, sans attendre tes ordres, et si tu pensais