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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/462

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LES SUPPLIANTES

part de l’héritage d’Œdipe. Ils ont succombé dans le combat, et leurs mères veulent ensevelir leurs corps : mais, au mépris des lois divines, ceux qui les ont en leur pouvoir ne leur permettent pas de les enlever. Partageant avec elles les maux pour lesquels elles implorent mon secours, Adraste, les yeux baignés de larmes, gémit sur le mauvais succès de la guerre qu’il a entreprise. Il me conjure de décider par mes prières mon fils à obtenir, par la persuasion ou par la force des armes, qu’on lui rende les morts, et qu’on leur donne la sépulture. Sur lui seul et sur Athènes repose tout leur espoir. Pour offrir au nom du pays les sacrifices qui précèdent le labourage, je suis venue dans ce temple, où apparut le premier épi nourricier qui hérissa la surface de la terre. Enchaînée par ce lien de feuillage, dont la religion fait toute la force, je reste devant l’autel des deux déesses Cérès et Proserpine, avec compassion pour ces mères blanchies par l’âge et privées de leurs fils, et avec respect pour les rameaux des suppliantes, l’ai envoyé à la ville un héraut vers Thésée, pour qu’il vienne, ou faire sortir ces infortunées de cette contrée, ou rompre ce lien sacré qui m’enchaîne, en faisant quelque chose d’agréable aux dieux : car les femmes sages laissent tout faire par les hommes.


LE CHŒUR

Femme vénérable par ton âge, je te conjure par ma bouche suppliante, et digne de respect à ce titre, de délivrer les corps de mes fils privés de sépulture, et indignement abandonnés pour servir de pâture aux sauvages animaux des montagnes.

Laisse-toi toucher par mes larmes ; vois sur mon visage ridé