le cœur des mères un désespoir sans égal pour la mort de leurs enfants. Ah ! puissé-je trouver dans la mort l’oubli de ces souffrances !
Quels cris ai-je entendus ? d’où vient que ce temple retentit de coups redoublés et de lamentations funèbres ? J’accours vers ma mère ; sa longue absence du palais m’inquiète : lui serait-il arrivé quelque malheur ? Mais que vois-je ? voici quelque chose de nouveau : ma mère assise au foyer de l’autel ; des femmes étrangères l’entourent : plus d’un signe annonce leur désolation ; de leurs yeux coulent des torrents de larmes ; leurs chevelures rasées, et leurs vêtements de deuil, sont peu assortis à la pompe d’un sacrifice. Qu’y a-t-il donc, ma mère ? c’est à toi de m’instruire, et c’est à moi de t’écouter : je m’attends à quelque chose de nouveau.
Mon fils, ces femmes sont les mères des sept chefs qui sont morts devant les portes de Thèbes : tu vois comme elles m’entourent de rameaux suppliants.
Et quel est celui-ci, qui pousse des gémissements si lamentables à la porte du temple ?
C’est Adraste, chef des Argiens.
Ces enfants qui l’environnent sont-ils les siens ?
Non ; ce sont les fils de ceux qui sont morts.
Que viennent-ils nous demander avec leurs mains suppliantes ?