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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/474

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THÉSÉE.

Leur infortune n’est pas la tienne.


ÉTHRA

Veux-tu, mon fils, que je te propose quelque chose d’honorable pour toi et pour notre cité ?


THÉSÉE.

La sagesse parle souvent par la bouche des femmes.


ÉTHRA

Mais j’hésite à expliquer ce que j’ai à te dire.


THÉSÉE.

C’est se rendre coupable, que de cacher à ses amis une vérité utile.


ÉTHRA

Non, je ne me tairai pas, pour me reprocher plus tard un silence funeste ; et, sous prétexte qu’il est malséant aux femmes de bien parler, la crainte ne me fera pas manquer à mon devoir. Je t’engage, mon fils, à considérer avant tout ce que tu dois aux dieux, de peur de leur déplaire en y manquant ; car tu manques en ce seul point, irréprochable en tout le reste. Si d’ailleurs il ne s’agissait pas de réprimer l’injustice, je garderais le silence : mais ce sera une entreprise glorieuse pour toi, et je ne crains pas de t’y exhorter, mon fils, d’armer ton bras contre ces hommes violents qui veulent priver les morts de la sépulture et des honneurs funèbres, de les contraindre à ce devoir, et de réprimer ceux qui foulent aux pieds les lois de la Grèce : car ce qui maintient les états, c’est le respect des lois. On dira que par pusillanimité, quand tu pouvais conquérir pour ta patrie une couronne glorieuse, la crainte a arrêté ton bras ; que tu as bien pu te mesurer avec un sanglier sauvage et af—