Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/492

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de la vie mortelle : les autres biens peuvent se recouvrer.


LE CHŒUR

D’un côté le bonheur, de l’autre l’infortune ! pour cette cité la gloire ; pour les chefs de l’armée un double honneur. Mais pour moi, si la vue des corps de mes fils est un spectacle plein d’amertume, il sera beau cependant, puisque je vois ce jour inespéré, tout en éprouvant la plus cruelle douleur.

Pourquoi le Temps, antique père de toutes choses, n’a-t-il pas préservé ma vie de l’hymen ? Qu’avais-je besoin d’enfants ? Je n’aurais pas eu à redouter le plus grand des malheurs, si je n’avais subi le joug de l’hymen. Mais maintenant j’éprouve la plus cruelle des douleurs, la perte de mes enfants chéris.

Les voilà donc ces tristes restes de mes fils, qui ne sont plus ! Infortunée, que ne puis-je mourir avec eux, et les accompagner dans le séjour de Pluton !


ADRASTE.

Mères infortunées, pleurez, pleurez ces morts ; répondez a mes chants lugubres par vos accents plaintifs.


LE CHŒUR

Ô chers enfants, ô funeste nom de mère ! c’est toi, mon fils, c’est toi que j’appelle.


ADRASTE.

Coup affreux qui m’accable !


LE CHŒUR

Ah ! nous avons éprouvé les plus cruelles de toutes les souffrances.


ADRASTE.

Ô ville d’Argos, ne vois-tu pas mon infortune ?


LE CHŒUR