Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/516

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du promontoire de Malée, lorsqu’un vent d’orient, soufflant avec violence contre le navire, nous jeta ici sur les rochers de l’Etna, dont les antres sauvages servent de retraite aux fils du dieu de la mer, aux Cyclopes, monstres n’ayant qu’un œil, et avides du sang des hommes. Devenus la proie de l’un d’eux, nous sommes esclaves dans sa demeure ; le maître que nous servons s’appelle Polyphème. Plus de joyeux transports —bachiques ; nous sommes réduits à paître les troupeaux ; d’un Cyclope impie. Mes enfants, jeunes encore, conduisent les brebis sur les coteaux les plus éloignés ; et moi, je reste ici, chargé du soin de remplir les abreuvoirs, de balayer cet antre, de servir à ce Cyclope impie ses festins abominables. En ce moment, il me faut remplir ma tâche, et nettoyer la caverne avec ce râteau de fer, afin que le Cyclope mon maître, lorsqu’il rentrera, la trouve propre, et prête à le recevoir, lui et ses brebis Mais déja je vois mes fils qui ramènent leurs troupeaux. Qu’est ceci ? Dansez-vous donc de bruyants sicinnis[1], tout comme au temps où vous escortiez Bacchus à la maison d’Althée[2], avec des chants d’allégresse, qu’accompagnait le son de la lyre ?


Le chœur

[3].

[41] Noble rejeton issu de noble race, où cours-tu parmi les rochers ? Ce n’est pas là que tu trouveras un air doux et frais, une herbe abondante, et l’eau courante des

  1. Danse propre aux satyres. V. Athénée, I. XIV, c. 7.
  2. Althée, maîtresse de Bacchus, de laquelle ce dieu eut Déjanire. ( Apollodore, I, 8.)
  3. Ce sont des chevriers, qui s’adressent à leurs chevreaux ou à leurs béliers.