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Page:Euripide - Théâtre, Artaud, 1842, tome 1.djvu/529

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Aux Satyres Vous mentez. Montrant Silène Je me fie à ce juge-là plus qu’à Rhadamanthe, et je le déclare plus juste que lui. Mais je veux interroger les coupables : D’où venez— vous, étrangers ? de quel pays êtes-vous ? quelle ville vous a élevés ?

Ulysse

[277] Nous sommes nés à Ithaque ; nous venons d’ilion, que nous avons détruite ; et, poussés par les vents et les tempêtes, nous avons été jetés sur tes bords, ô Cyclope !

Le cyclope

Est-ce vous qui, pour reprendre la perfide Hélène à son ravisseur, avez été jusqu’à Troie, aux bords du Scamandre ?

Ulysse

Nous-mêmes, et nous avons supporté de rudes travaux.

Le cyclope

Voilà certes une honteuse expédition : pour une seule femme, naviguer jusqu’aux rivages phrygiens !

Ulysse

[285] C’est l’ouvrage des dieux, n’en accuse aucun mortel. Mais, ô noble fils du dieu des mers, nous te supplions, et nous te parlons en hommes libres : crains de donner la mort à des infortunés venus en amis dans ta grotte, et de te repaître de cette nourriture impie. Épargne— nous, ô roi, nous qui avons élevé des temples à ton père dans les parties les plus reculées de la Grèce : le port sacré de Ténare[1] reste inviolable, ainsi que les retraites

  1. Nom d’un promontoire de Laconie, où il y avait aussi une, ville et un port. Neptune y était particulièrement adoré.